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La folie de la santé mentale : La psychiatrie est tombée sur la tête

La psychiatrie, ce fantasme d’un neurologue un peu fou

Le saviez-vous ? Sigmund Freud était neurologue. C’est face à l’impossibilité d’expliquer les comportements humains qu’il a mis sur pied la psychanalyse, convaincu qu’un jour, les progrès technologiques permettraient à la neurologie de confirmer ses conclusions. Pendant ce temps, la neurologie s’est cantonnée aux pathologies organiques visibles : tumeurs, AVC, épilepsie. Elle a étudié l’anatomie du cerveau en négligeant ses liens avec la psyché, comme si les émotions et comportements étaient déconnectés de la biologie. La médecine occidentale n’a eu de cesse que de faire évoluer ce que j’appellerai une pseudo-science qui devait être éphémère, lui donnant toujours plus d’importance au point d’en faire un élément majeur du contrôle des personnes en souffrance mentale.

Aujourd’hui, ce qui se passe dans nos têtes, dans nos tripes, peut dépendre tour à tour de la neurologie, la psychiatrie, la psychologie, la neuropsychiatrie, la neuropsychologie. Nous faisons face à un émiettement de disciplines déconnectées les unes des autres, au grand dam des personnes en souffrance.

Le début de l’errance

Ma première expérience en psychiatrie date de mes 7 ans. Comme j’étais un enfant turbulent, bruyant, l’institutrice a conseillé à ma mère de consulter un pédopsychiatre. J’ai très peu de souvenirs de cette expérience. Principalement que je jouais, peut-être qu’on discutait. Nous n’avons jamais parlé des violences domestiques, et il n’avait probablement aucune raison d’y penser. Je n’étais pas là pour ça, mais parce que j’étais un sale gamin qui tapait sur le système des institutrices et de ma mère. Bien des années plus tard, à l’âge adulte, ma mère me dira: « quand tu avais 7 ans, j’ai été obligée de t’amener chez un psy parce que ton institutrice n’en pouvait plus. Sa conclusion était que tu avais besoin d’une leçon de modestie ». Le ton est donné.

Alors que j’avais une vingtaine d’années, et que j’avais pris mon indépendance depuis trois ans, j’ai décidé de voir un psy. Je n’avais aucune idée de ce qu’était vraiment la psychiatrie à ce moment là. Tout ce que je savais c’est que j’étais en souffrance, et qu’elle n’était pas physique. J’ai donc pris rendez-vous chez un psychiatre au hasard. J’ai été suivi, me semble-t-il, pendant quatre ans. J’ai compris, depuis, qu’il était psychanaliste, plutôt de type lacanien.

Je me souviens encore comment, après chaque séance, la boule au ventre, j’avais plus souvent envie de mettre fin à mes jours que l’énergie et l’espoir d’une issue favorable à ma vie. Après quatre ans, à raison d’environ 30 séances par année, sans rien de concret que ma souffrance persistante, j’ai posé cette question:

  • Depuis le temps que nous nous voyons, qu’en pensez-vous ?

Et là, chère lectrice, cher lecteur, visualisez le plus beau cliché de psy qui puisse vous venir en tête: un homme d’une cinquantaine d’années, barbu, la pipe à la bouche, le carnet sur ses genoux croisés. Vous l’avez ? Cet homme m’a regardé attentivement, a pris sa pipe dans sa main droite, amenant sa main gauche à sa barbe de manière pensive, et m’a répondu:

  • Et vous ? Qu’en pensez-vous ?

J’étais sidéré. Ce jour-là, j’aurais pu commettre un meurtre. Je n’y suis jamais retourné, et je n’ai jamais payé mes dernières factures. Etonnamment, il ne me les réclamera jamais.

Le monstre qui est en moi

Puis ma vie a suivi son cours. Alors chef d’équipe du Support Suisse chez Dell, puis Escalation Manager en charge de gérer la qualité du support fourni par l’Allemagne et la France à nos clients après sa délocalisation, j’ai mis de côté ma souffrance. J’ai continué de développer ma compétence, inconsciemment il est vrai, de masking, jusqu’à ce qu’un jour, en quittant le bureau, alors que je passais devant la réception et que notre très chère téléphoniste me dise: « Ca va Akim ? Tu n’as pas l’air bien », j’éclate en sanglots. Comme souvent, c’était juste avant mes vacances. Celles-ci allaient effacer l’épuisement, le désespoir, et je reviendrai, comme à chaque fois, mettre le nez dans le guidon. Toutefois conscient d’un décalage avec le monde qui m’entourait, je me suis remis en recherche d’une aide. Toujours un peu au hasard, j’ai trouvé une jeune psychiatre à peine sortie de l’école, erreur s’il en est, je l’apprendrai à mes dépens.

Vous l’aurez compris, chère lectrice, cher lecteur, je suis un livre ouvert d’une authenticité pleine et rare. Si je m’exprime, ce n’est pas pour faire dans l’édulcoré et le politiquement correct. De la même manière, si je vais payer une professionnelle pour trouver de l’aide, ce n’est pas pour lui dire des demi-vérités et tourner autour du pot. Ainsi, dès le premier rendez-vous, j’ai foncé dans le tas: « Je viens vous voir parce que j’ai le sentiment d’être entouré de bras cassés et je m’inquiète de savoir si je fais un complexe de supériorité ou si je suis effectivement plus intelligent que les gens qui m’entourent ».

Et là, je dois une parenthèse à mes collègues et subordonnés de l’époque, car je ne voudrais pas qu’ils se sentent insultés s’ils venaient à lire l’article. Des années plus tard, lorsque je ferai le WAIS IV (test de QI) et obtiendrai un résultat de 146, tout s’éclairera. Avec un tel résultat, je suis un haut-potentiel, chez les haut-potentiels. Avec 146, je suis un écart type au dessus, ce qui veut dire que je ressens le même décalage vis-a-vis des hauts potentiels à 130 de QI que ceux-ci peuvent ressentir vis-à-vis des neurotypiques qui sont dans la médiane. N’y voyez donc pas une insulte. Cette justification illustre d’ailleurs la suite.

J’ai donc passé cet entretien à expliquer ce ressenti, ce décalage que je vivais au quotidien, et exprimé ma souffrance face à cette inquiétude de manquer de modestie. Et c’est seulement en écrivant ces lignes que je réalise aujourd’hui le lien avec ma première expérience, lorsque j’avais 7 ans. Au second entretien, j’ai voulu revenir sur son ressenti à elle, car j’avais perçu un malaise. Je lui ai demandé de but en blanc: « Lors de notre dernière séance, m’avez-vous trouvé prétentieux ? ». Lorsqu’elle m’a répondu « Oui », j’ai su qu’elle ne saurait m’aider. Je n’y suis plus retourné.

Essaie encore !

Il se passera encore quelques temps, avant que je ne me remette en recherche de réponses. Entre temps, je tenterai une entrée dans Mensa, une association de haut-potentiels, et échouerai d’un point, de quoi me mettre un petit coup de bâton derrière la nuque de mon égo, me rapprochant de la crainte d’être un mythomane égocentré, puis je replongerai dans ma routine, dans ma vie, dans ma souffrance, avec mon décalage et sans réponse.

En couple avec un dépressif chronique, j’ai pris quelques temps plus tard, rendez-vous avec une nouvelle psychiatre. Nous aurons, et c’était une première pour moi, un premier rendez-vous « pour faire connaissance ». Je lui ai parlé de moi en grande ligne, de la violence, de mon homosexualité, de mon sentiment de décalage. Je souris encore au souvenir de l’une de ses réactions:

  • Monsieur, si vous venez chez moi pour comprendre pourquoi vous êtes homosexuel, sachez que ça ne m’intéresse absolument pas

Ca tombait bien. Moi non plus. j’ai alors entamé un suivi de presque une quinzaine d’année avec elle à raison d’une séance à peu près par mois. Durant cette période, elle ne posera aucun diagnostic. Aujourd’hui, comprenant mieux la complexité de mon cas, je lui en suis reconnaissant. J’aurais pourtant aimé avoir des réponses plus concrètes plus tôt dans ma vie. Je ne serais peut-être pas dans ma situation actuelle.

En 2003, après avoir enfin trouvé la force de rompre avec un dépressif que je ne pouvais sauver, je tomberai amoureux d’un beau chef d’entreprise à l’occasion de mes déplacements à Athènes. Pendant une année, il se servira de mes émotions, de mes attentes, pour faire un pas en avant, deux pas en arrière, donnant l’occasion à ma psychiatre, débutant alors son travail sur le thème des relations toxiques, de prononcer à mon attention pour la première fois l’expression « pervers narcissique ». Des années plus tard, elle écrira des livres sur les relations toxiques, aidant, j’en suis sûr, un grand nombre de victimes de pervers narcissiques. Mais là, c’était un peu tôt. Pour elle, comme pour moi. Et nous n’avons pas approfondi le sujet. La relation avec mon beau grec (si elle n’a jamais existé) s’est arrêtée en même temps que mes voyages professionnels à Athènes.

Fin 2010, après une relation de 5 ans avec mon nouvel amant, la construction d’une maison, un mariage, je serai détruit par une rupture aussi inattendue qu’abrupte. Moi qui était très terre à terre, ne comprenant pas le désespoir d’une amie souffrant régulièrement de ses relations déséquilibrées, je me suis retrouvé dévasté, laminé, jeté par l’homme que j’aimais, et qui, je le croyais, m’aimait autant en retour. C’est à cette occasion que j’ai pris pour la première fois des anti-dépresseurs.

J’ai toujours fait de la résistance. Les médicaments, trop peu pour moi. Cette fois pourtant, il était indispensable de réagir. J’ai également découvert alors une particularité de mon organisme: Avec les médicaments comme avec tout le reste, je suis incapable de faire comme tout le monde. Comme disait ma mère: « Faut toujours que tu fasses ton intéressant ». L’antidépresseur ne m’a pas aidé. Et il a eu un effet secondaire des plus gênants pour un ingénieur de déploiement qui doit donner des présentations et des formations: je baillais toutes les 3 à 4 minutes à m’arracher la mâchoire:

  • Pardon, désolé… [bâillement] Je prends un médicament qui me fait… [nouveau bâillement] …constamment bâiller

Inutile de dire qu’après trois semaines, j’ai abandonné.

Premières réponses concrètes… mais toujours pas de diagnostic

Quelques temps plus tard, en 2012, alors que je me promenais dans une librairie, un livre, écrit par Christel Petitcollin, m’a pratiquement sauté dans les bras par son titre: « Je pense trop », sous-titré « comment canaliser ce mental envahissant ». Dans le secret espoir d’y trouver enfin la paix, je l’ai acheté et, parti seul en vacances pour la première fois de ma vie, je l’ai dévoré de mon camping car en traversant le Yosemite. Et je me suis reconnu page après page. Cette fois, c’était sûr, j’étais un haut-potentiel, et la plus grande partie de ma souffrance en découlait. J’y croyais.

A mon retour, j’en ai parlé à ma psychiatre qui, à son tour, l’a lu. Elle me dira alors:

  • je pense que vous n’êtes pas dépressif, mais plutôt hyperactif. Je vous propose d’essayer un traitement pour l’hyperactivité

Ca a été la seule fois de notre relation qu’elle parlera en terme quasi-diagnostic. Toujours aussi résistant à l’idée d’une médication, j’accepterai pourtant, et commencerai un traitement de stimulants, sans avoir aucune idée, ni compréhension de ce qu’était le TDAH à ce moment-là. Une fois encore, après quelques semaines, je cesserai le traitement, inquiété par l’arythmie cardiaque qu’il provoquait.

Le dénominateur commun

En 2013, je ne sais plus de quelle manière, je me suis retrouvé à faire des recherches sur les pervers narcissiques et les relations toxiques. C’est alors que j’ai compris que mon dernier compagnon avait cette personnalité. Ca expliquait la violence de la rupture, et le niveau de dévastation qui en a suivi. Le jour même de cette prise de conscience, j’avais eu un échange d’email surréaliste avec mon manager de l’époque, échange qui m’avait laissé la boule au ventre, envahi de honte, de culpabilité, et d’incompréhension. J’ai soudain eu une épiphanie, douloureuse, et toutefois salvatrice: j’ai réorienté mes recherches vers le domaine professionnel, et j’ai découvert que j’avais un manager toxique, et que cet échange en était la caricature absolue.

Et le dénominateur commun, c’était moi. Celui qui répétait son statut de victime, c’était moi. J’ai alors demandé de l’aide à ma psychiatre et elle m’a adressé pour une thérapie courte à un comportementaliste qui lui-même m’a adressé à un psycho-pédagogue, le premier intervenant régulièrement de manière inopinée dans nos séances. Et pendant six mois, j’ai pris des baffes pédagogiques. Je me souviendrai toujours des plus violentes. Celles qui m’ont laissé sonné le plus, et qui pourtant m’ont apporté des réponses:

  • Monsieur Sissaoui, vous êtes bien dans votre poste actuel ?
  • Non.
  • Alors pourquoi vous restez ?

Un autre jour:

  • Monsieur Sissaoui, votre égo est encore plus démesuré que celui de votre pervers narcissique de chef

Celle-là, j’avoue, m’a presque mis K.O. Et lui de continuer:

  • Vous êtes tellement convaincu que c’est vous qui faites juste, tellement sûr que vous faites ce qu’il faut, tellement dans l’attente qu’un jour quelqu’un le voit et vous défende, que vous vous accrochez à votre position de toutes vous forces. Pendant ce temps, on peut vous faire tout ce qu’on veut. Vous ne plierez pas, parce que quand même… C’est vous qui faites juste. Mais en vrai, on s’en fout qui fait juste ou faux. Si vous n’êtes pas bien, partez !

Puis lors d’une autre séance de me dire:

  • Monsieur Sissaoui. Essayez de faire quelque chose de faux volontairement. Vous verrez, on en meurt pas

Rien qu’à cette évocation, j’ai eu des bouffées de chaleurs, j’ai ressenti une honte terrible, au plus profond de mes tripes. Bien sûr, je ne l’ai jamais fait. Et c’était révélateur du fond de mon problème que je comprends aujourd’hui, lié à la violence subie dans l’enfance: Si je fais une erreur, je vais être rejeté, voire battu, et peut-être même mourir. Cette thérapie m’a fait avancer. Grâce à elle, je me suis positionné. J’ai pris un peu confiance en moi. Et mi-2014, alors que ce manager dépassait les bornes, je refuserai de continuer à lui reporter, ce qui me vaudra un licenciement. Je suis parti la tête haute, car je savais que j’avais fait ce qui était juste pour moi.

Peu de temps après, ma psychiatre me dira gentiment qu’elle a atteint ses limites, qu’elle n’a pas d’idée comment elle pourrait plus m’aider, et m’enjoindra à trouver un autre thérapeute. Je ne lui en ai jamais voulu car de mon point de vue, il faut beaucoup de courage, d’honnêteté et de bienveillance pour admettre ses limites, et les partager ainsi, aussi dure que ça ait pu être pour moi. J’aimerais que beaucoup plus de professionnels de la santé aient cette bravoure. En vérité, alors que nous sommes quelque part en 2014, peut-être 2015, je n’ai toujours pas de réponse. Pas de diagnostic. J’ai un haut-potentiel, c’est évident, mais à lui seul, il n’explique pas tout. Et je n’ai rien d’autre. Jusque-là, la psychiatrie a échoué.

Qui suis-je ? Où vais-je ?

J’étais donc au chômage à partir de mi-2014. Pendant trois ans, j’ai cherché un emploi fixe sans succès (comme maintenant). J’ai toutefois eu plus de chance à l’époque, et j’ai fait des missions freelance sur environ la moitié du temps, ce qui m’a permis d’échapper de justesse à la fin de mes indemnités chômage. Durant cette période, dégoûté de ne pas trouver d’emploi fixe dans la tech, et bien trop anxieux pour devenir mon propre patron ou m’établir dans le freelancing, j’ai cherché une voie de reconversion, et c’est tout naturellement que le coaching s’est présenté comme la meilleure option. En effet, depuis enfant, j’ai toujours été à l’écoute des autres, et on m’a souvent fait des confidences presque accidentelles, face à mon attention, ma bienveillance, et mon absence de jugement.

C’est la période qui a été la plus riche en terme de développement personnel. En quête de réponses, j’ai lu de nombreux livres, j’ai participé à des séminaires, puis, décidé à tenter cette nouvelle voie, je me suis inscrit à une formation de PNL que je commencerai en 2016 en Belgique. Au même moment, je déciderai finalement de mesurer mon décalage intellectuel en faisant le fameux WAIS IV, le test de QI, et je recevrai le résultat déstabilisant évoqué plus haut, qui m’expliquera mon sentiment de décalage même vis-à-vis d’autres haut-potentiels. A la recherche d’une identité, d’une voie, j’initierai un diagnostic du spectre de l’autisme sur l’impulsion d’une amie. Celui-ci s’avèrera négatif, certains traits du très haut potentiel pouvant porter à confusion.

En 2017, je trouverai enfin un nouvel emploi, alors que je ferai ma seconde année de PNL et en parallèle, une formation de coaching. Autant dire que cette première année d’emploi était très active. Et pourtant, riche et satisfaisante.

L’effondrement

En 2019, dans un état d’épuisement total, j’ai vécu une longue période à ne pouvoir aligner une phrase sans chercher désespérément des mots simples. Des voyages fréquents ont eu raison du peu de sommeil que j’arrivais à avoir. Je me souviens encore de la gêne lorsque je disais chaque jour à mon binôme qui me demandait « Salut, comment vas-tu ? »: « Fatigué ». C’était ma seule réponse, jour après jour. Et j’avais honte. Je n’avais pas compris à quel point mon état était grave. En réalité, personne ne l’avait compris. J’aurai l’occasion de parler à un somnologue de mon insomnie chronique, et nous avons travaillé ensemble pendant 3 mois, ce qui m’a permis de retrouver ma capacité à m’endormir, m’offrant un sursis. Puis COVID est arrivé. Le monde s’est arrêté. D’un épuisement lié aux voyages, aux projets, je suis passé à un épuisement lié à l’inactivité, et à la culpabilité qui l’accompagnait.

En 2021, devant un ordinateur saturé en onglets et applications ouverts, j’ai fait, un peu par hasard, un test de TDAH. Au vu d’un résultat sans équivoque, j’ai alors entrepris un diagnostic TDAH avec scepticisme… Scepticisme vite envolé au regard du résultat. Mais je n’en ferai pas grand chose. Pas de suivi. Pas de traitement. Pris par mon emploi, et probablement dépassé par mon épuisement, je continuerai ma vie, comme avant.

A partir de février 2022, tout s’est accéléré. Alors que j’ai eu toute ma vie des problèmes de poids, que je sais aujourd’hui liés au TDAH, j’avais réussi à maintenir un poids plus ou moins stable depuis quelques années. Et soudain, ce poids s’est mis à monter. Entre février 2022 et février 2023, je prendrai 20kg. Conscient d’un vrai problème, et inquiet de me retrouver en obésité morbide comme ça avait été le cas dans le passé, je me suis mis alors en recherche d’un nouveau psychiatre. Je cherchais un spécialiste du trauma cette fois, conscient que malgré toutes les réponses que j’avais pu trouver jusqu’à ce jour, la psychiatrie n’avait jamais abordé celui-ci, du moins, l’avait à peine survolé. Je serai recommandé par mon médecin traitant à un psychiatre qui s’avèrera ne pas correspondre à mes attentes.

On n’est jamais mieux servi que par soi-même

J’en ai toutefois profité pour prendre en main ma destinée. Las de n’avoir jamais reçu le soutient dont j’avais vraiment besoin, j’ai profité d’un psychiatre incapable de m’aider directement, mais suffisamment avenant pour accéder à mes demandes: J’ai mis en place un réseau de santé. J’ai tenté d’avoir toutes les disciplines concentrées dans le même centre universitaire: TDAH, trouble du comportement alimentaire, troubles du sommeil. Un peu naïf, j’espérais alors que tous communiqueraient ensemble, et feraient les liens entre mes différentes difficultés. J’apprendrai avec désespoir qu’il n’en est rien.

Au milieu de cette année 2022, je demanderai un arrêt maladie, que j’interromprai par culpabilité vis-à-vis de mon employeur et de mon client, pour me faire licencier sous couvert de suppression de poste quelques semaines plus tard. A l’instar de ma rupture amoureuse en 2010, ce licenciement a été encore un traumatisme dévastateur. De la même violence, laissant les mêmes stigmates dans mon estime en papier.

La psychiatrie, cet imposteur

Je reprendrai alors ma chute. Une descente aux enfers masquée par un déni surpuissant, freinée par une résilience hors du commun, malgré la prise d’un antidépresseur supposé stopper la prise de poids (ce sera un échec), jusqu’en février 2023. Alors toujours sans réponse je replonge dans le sujet du TDAH. Je dévore des livres entiers, écoute des conférences, me penche sur les neurosciences, et découvre que tout est neuroscience. Une constante se découpe dans tout ce contenu éclairant: Dans le cas du TDAH chez l’adulte, la médication est le premier recours. Malgré mes inquiétudes, je décide qu’il est temps de refaire le test, en connaissance de cause cette fois-ci. Je convaincs mon psychiatre de me donner un traitement pour le TDAH par stimulants. Les fringales disparaissent, les pensées ralentissent, les journées s’organisent lentement.

Comprenant les limites importantes de mon psychiatre, j’en cherche un autre, qui adaptera mon traitement. Les choses se mettront de plus en plus en place. Mon circuit dopaminergique se mettra à fonctionner presque normalement. Pourtant, tout ne sera pas réglé. Les rejets des recruteurs étaient toujours autant de coups de poignards. Rencontrer de nouvelles personnes toujours aussi difficile. Mes peurs, de décevoir, d’être déçu, de faire faux, d’être inadéquat, étaient toujours aussi envahissantes. Il me faudra presque 2 ans pour me lier d’amitié avec de nouvelles personnes, aujourd’hui très chères à mon coeur. La psychiatrie n’aura toujours pas apporté de réponses.

A chaque étape de cette route, j’ai trouvé des bribes de réponses, des pièces du puzzle, sans jamais pouvoir avoir une image complète. Il manquait toujours quelque chose. Et à défaut d’autres éléments, j’ai continué à creuser. Très haut-potentiel et TDAH étant décrit comme apportant son lot de problèmes: Hypersensibilité, hyperesthésie (hypersensibilité sensorielle), accélération de la pensée, positive comme négative, tout était là, à portée de mains. Ca devait expliquer ma souffrance… et pourtant.

30 ans d’errance résolus en quelques mois ?

Viendra alors le podcast d’Adrien Zerbini, de la RTS: « DINGUE », un podcast de vulgarisation scientifique sur la santé mentale. Episode après épisode, j’en apprendrai encore et encore. Puis ChatGPT, Claude.ia, avec qui je pourrai échanger, creuser les sujets. Et j’aurai, enfin, alors que j’aurai encore changé trois fois de thérapeute, les éléments de réponse qu’il me manquait. L’image se précisait enfin. Sa complexité aussi.

Finalement, depuis 2024, j’ai établi deux diagnostics distincts me concernant:

Le premier, inné, est le TDAH (Trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité). Une caractéristique neurologique génétique, considéré dans notre société comme une défectuosité du circuit dopaminergique, pourtant à la source d’hypervigilance, de créativité, de prise de risque, d’exploration. C’est donc à des personnes ayant ces caractéristiques que l’on doit les plus grandes innovations, les plus importantes découvertes, les prises de risques insensées, qui, parfois, ont fait avancer ce monde.

Le second, acquis, est un PTSD Complexe, ou syndrome de stress-post traumatique complexe. Une destruction progressive de l’estime de soi et de la confiance en soi, par la violence, le dénigrement, renforcé par des relations et des managers toxiques au long de ma vie et de ma carrière. Cette condition est responsable de ma paralysie actuelle. Peur de l’engagement, peur de faire faux, peur de décevoir, d’être déçu, d’être rejeté, d’être jugé. Peur dès que je suis en interaction directe ou indirecte avec d’autres personnes, connues, comme inconnues.

Au long de cette vie tumultueuse, j’ai atteint plusieurs fois des niveaux d’épuisement et de désespoir importants. Burn out lorsque le travail était passionnant, bore out lorsqu’il était sous-stimulant, sans pour autant qu’un de ces diagnostics ne soit posé, ni traité. J’ai par contre souffert en permanence de l’anxiété généralisée, sans en avoir conscience, convaincu qu’il s’agissait de la vie.

L’échec d’un système – A mort la psychiatrie

Mon histoire est édifiante, et pourtant je suis loin d’être un cas unique.

Les chiffres sont clairs : la psychiatrie se trompe massivement. Selon l’American Psychiatric Association, les essais du DSM-5 montrent que deux psychiatres n’arrivent au même diagnostic que dans moins d’un cas sur deux. Des travaux de l’Université Columbia avaient déjà montré que l’accord pouvait tomber à 20 %. Autrement dit, dans le monde réel, le diagnostic relève trop souvent du hasard.

Ces erreurs se traduisent en années d’errance. En France, une étude Inserm indique que le diagnostic de TDAH prend en moyenne près de trois ans. En Europe, une recherche publiée dans BMC Psychiatry montre que le délai moyen atteint 20 mois, avec des extrêmes à plus de 30 mois au Royaume-Uni. Pour l’autisme, des travaux suisses publiés dans le European Child & Adolescent Psychiatry estiment le retard à plus de deux ans. Pendant ce temps, les vies s’abîment.

Les résistances institutionnelles aggravent la situation. En Suède, l’Institut Karolinska a montré que les femmes sont diagnostiquées TDAH quatre ans plus tard que les hommes, et présentent deux fois plus de comorbidités anxieuses et dépressives. Quant au PTSD complexe, il reste largement ignoré : l’Organisation mondiale de la santé ne l’a reconnu officiellement qu’en 2018, alors qu’il touche une part considérable des victimes de traumatismes répétés.

Pendant que la psychiatrie piétine, les neurosciences avancent. Les investissements dans l’imagerie cérébrale et la neurogénétique ouvrent déjà des pistes solides. Pourtant, comme le souligne l’Université de Stanford, il faut en moyenne 15 à 20 ans pour que les découvertes neuroscientifiques soient appliquées en clinique. Ce décalage laisse des millions de personnes piégées dans un système obsolète.

Ces statistiques rejoignent mon vécu. Diagnostics incertains, comorbidités en cascade, trauma ignoré, traitements hasardeux : trente ans perdus, alors que quelques mois d’approche neuroscientifique m’ont enfin apporté des réponses. Mon cas n’est pas l’exception. C’est la règle. Et tant que la psychiatrie refusera d’évoluer, d’autres continueront de sombrer.

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